Notre prix Mémorable à Jean Meckert pour Nous avons les mains rouges (ed. Joëlle Losfled)

Après avoir été interrompu par le second confinement de l'an passé, le vote des libraires Initiales pour le prix Mémorable, édition 2020, a repris en janvier. La séquence a été clôturée en fin de semaine dernière. Nous avons le plaisir de rendre public le résultat.

Le prix Mémorable des libraires Initiales est attribué à Nous avons les mains rouges de Jean Meckert paru aux éditions Joëlle Losfeld.

Il est suivi par Le détour de Luce d'Eramo, édité au Tripode, dans une traduction de l’italien par Corinne Lucas et La septième croix d'Anna Seghers chez Métailié, dans une traduction de l’allemand par Françoise Toraille.

Richesses cachées

 « Cette année encore, indique Grégoire Courtois de la librairie Obliques à Auxerre, le prix Mémorable nous a donné l'occasion de révéler les richesses cachées de la littérature mondiale. Les huit livres finalistes venaient d'Inde, du Canada, de Russie, d'Allemagne, d'Italie… tous témoins d'un XXe siècle terrible que les autrices et les auteurs ont saisi avec force et clairvoyance en nous parlant de l'exploitation des ressources naturelles, des minorités opprimées ou de la maltraitance faite aux femmes.  Curieux hasard, les votes finaux des libraires se sont portés sur trois romans qui abordent chacun un aspect de la Seconde Guerre mondiale. Devant la Septième croix, la fuite haletante d'opposants au nazisme et Le Détour, stupéfiant récit sur le périple d'une jeune italienne engagée volontaire dans un camp de travail nazi, c'est Nous avons les mains rouges de Jean Meckert, qui remporte le prix Mémorable. Dans ce roman splendide, écrit à chaud, en 1947, il traite d'un sujet qui fait rage : l'épuration, sordide, violente, la question du pardon, de la réconciliation impossible. »

Meckert, ça bouscule, ça dézingue

Danielle Beauguion de Vent de soleil, à Auray, fait partie des libraires qui ont plébiscité notre nouveau lauréat, dès sa reparution en 2020 : « Nous avons les mains rouges se situe en France dans l’immédiat après-guerre, dans un village des Alpes. Laurent, le protagoniste, tout juste sorti de prison, se trouve malgré lui embrigadé dans une communauté d'anciens maquisards qui n'ont pas baissé les armes et continuent, à leur manière, l’épuration. Ils ne peuvent accepter cette « liberté » que la victoire leur a annoncée, mais qui ne sert que les puissants, « cette goule, cette tromperie, cette farce habillée par les poètes malins ». Lire les romans noirs de Jean Meckert, ou Jean Amila  – le plus illustre de ses pseudonymes –, ça bouscule, ça dézingue. Des années 1940 aux années 1980, l’auteur n’a cessé de porter la voix des « sans mots », avec une gouaille sans pareille, celle du langage parlé de ses pairs, les ouvriers, les hommes des petits boulots. Sans jamais prendre parti, Jean Meckert attrape le lecteur par le paletot, le force à voir une réalité que certains aimeraient cacher »

Un prix qui récompense un livre et une maison d'édition : Joëlle Losfeld

Les libraires Initiales sont heureux de remettre leur prix Mémorable à ce roman magnifique car il ne récompense pas seulement une republication isolée mais toute l'entreprise éditoriale autour de l'œuvre de Meckert, menée par Stéfanie Delestré et Hervé Delouche et Joëlle Losfeld, il y a maintenant quelques années. Ce précieux travail, tout comme ce fut aussi le cas pour les livres du génial Albert Cossery, permet à ces livres de sortir de l'oubli et de vous être proposés en librairie.

Nous avons les mains rouges de Jean Meckert, notre nouveau prix Mémorable succède à Et frappe le père à mort de l'anglais John Wain, paru en 2019 aux éditions du Typhon.